Pourquoi aucun médecin libéral ne veut s'installer au Croisic ?

Lors d'une réunion du collectif avec la mairie en avril 2023, celle-ci nous a indiqué avoir déjà eu des contacts avec 37 médecins attirés par ses appels de candidatures, malheureusement tous sans suite. Ce nombre élevé montre que la ville fait beaucoup en matière de publicité vers les milieux médicaux. Elle nous dit proposer également toutes les aides légalement possibles pour des médecins libéraux (loyer réduit pour le cabinet médical, loyer à prix coutant pour le logement).

Il faut donc s'interroger sur l'adéquation du contexte du Croisic avec les aspirations des médecins, jeunes en recherche de première installation ou plus anciens en reconversion.

La source la plus pertinente disponible sur Internet pour répondre à cette question, est l’ « Enquête sur les déterminants de l’installation chez les internes, les remplaçants exclusifs et les installés » de 2019 de la commission Jeunes Médecins du Conseil National de l’Ordre des Médecins., réalisée auprès de plus de 15 000 médecins, dont 60 % de généralistes.

75 % des médecins non encore installés envisagent une activité libérale ou mixte mais, 5 ans après l’obtention de leur diplôme, seuls 35 % des jeunes médecins se sont installés en libéral ou en situation mixte (libéral et salarié). Cette apparente contradiction s’explique par le fait que plus de 80 % des médecins non encore installés indiquent que la question des horaires et du rythme de travail est primordiale dans leur choix d’installation. Elle s’explique aussi par le fait que 50 % de ces médecins non encore installés craignent le risque économique de l’entrepreneuriat, ce qui interroge dans la mesure où la pénurie médicale garantit une constitution de patientèle facile. L’étude avance comme piste d’explication le fait que la comparaison entre exercices libéral et salarié est plus facile que par le passé, notamment sur les niveaux de protection sociale, sur la lourdeur des tâches administratives et sur la qualité de vie au travail.

Pour les jeunes médecins, internes et remplaçants, qui préparent leur 1ère installation, les critères de choix de localisation sont

  • Pour 60 % la proximité familiale,
  • Pour 60 % les services publics,
  • Pour 30 à 40 % les aides financières à l’installation,
  • Pour 34 à 44 % des raisons personnelles,
  • Pour 37 à 52 % les transports,
  • Pour 37 % l’attachement au territoire,
  • Pour 25 % le cout du logement,
  • Pour 22 % les équipements culturels et sportifs,
  • Pour 20 % une connectique suffisante.

Le conjoint du médecin est aussi un facteur primordial, 86 % pour les internes et 41 % pour les médecins déjà installés.

Pour les installés, c’est à dire ceux qui envisagent un changement de localisation d’installation, , les critères de choix de localisation sont similaires et sont présentés dans le graphique ci-dessous.

Facteurs favorisant l installation

Au vu de ces critères, on peut penser que Le Croisic et Batz n'attirent pas les médecins en quête d'installation à cause des handicaps liés à leur position excentrée au bout de la Presqu'ïle (services publics et équipements culturels et sportifs de niveau supra-communal éloignés, possibilités d'emploi pour le conjoint du médecin également éloignées) et du cout élevé des logements dû à la pression des résidences secondaires. Les atouts de la desserte par le train et de la qualité de vie ne semblent pas compenser ces handicaps.

Le classement depuis juin 2023 du Croisic et de Batz en "zone d'intervention prioritaire" par l'agence régionale de santé permet de satisfaire le critère "aides financières à l'installation".

Les communes ne peuvent pas beaucoup agir sur la plupart de ces critères, sauf sur celui du choix du statut libéral ou salarié. En créant un centre municipal de santé, Batz a réussi à attirer des médecins salariés.